Misc. Notes
Après son brevet, part en métropole pour poursuivre des études d’infirmière. Elle obtient son diplôme d’état en 1936, passe l’année suivante celui de visiteuse de l’hygiène sociale de l’enfance et celui de puéricultrice. En 1938, elle est nommée à l’hôpital Gaston Bourret. Profitant de congés en métropole, elle passe le diplôme d’assistance sociale et oriente sa carrière dans les services sociaux où elle gravit les plus hauts échelons.
Battante et dotée de valeurs fortes, elle s’investit dans de nombreux mouvements pour la jeunesse ou dans les foyers pour la sauvegarde de l’enfance. Son nom est donné à l’institut Clair Coteau Emma Meyer.
9,10Emma Meyer se charge de la branche féminine des Eclaireuses. Infirmière, puis assistante sociale, elle est cheftaine chez les éclaireuses unionistes de 1939 à 1964, puis prends également des responsabilités comme cheftaine chez les Eclaireuses de France et lors des colonies de vacances de la FOL.
11A l’occasion des 40 ans de l’association Valentin Haüy de Nouvelle-Calédonie, un timbre a été édité avec le portrait d’Emma Meyer, fondatrice de l’association en Nouvelle-Calédonie en 1979.
12En fait, ma première expérience du scoutisme calédonien se fit lors de ma rencontre avec cheftaine Meyer. Elle était la Commissaire du scoutisme unioniste, c’est-à-dire protestant. Lorsque je la vis, la première fois, elle était dans le local des éclaireuses, habillée en tenue de ville. Je ne savais pas qu’elle était notre cheftaine et je la saluai en l’appelant « Madame ». Elle eut un petit sourire moqueur, mais continua, imperturbablement. Je fus un peu intriguée, ne sachant trop sur quel pied danser, mais il ne me fallut pas longtemps pour me rendre compte que c’était une personne d’exception. Elle était célibataire, son travail lui ayant laissé peu de temps pour se préoccuper de sa vie privée. Assistante Sociale, elle se souciait avant tout de ceux qui étaient dans le besoin ou dans le malheur. Elle avait une autorité naturelle et lorsqu’elle suggérait ou décidait, elle était aussitôt obéie. Ses manières un peu rudes, cachaient en réalité une grande sensibilité.
13Conduisait une Juva 4
13Je retrouvais cheftaine Meyer, Ronald Martin et quelques amis chers, à l’aéroport. C’était à l’époque un tout petit terrain doté d’un hangar et d’une petite salle d’attente sommaire, qui donnait directement sur la piste. J’avais le cœur gros de quitter tout ce monde que j’aimais. L’avion, un DC6, attendait, tout seul, sur la piste. Je me retournai une dernière fois sur la passerelle pour saluer mes amis et je pris place dans l’avion. Nous étions tous en première classe, car il y avait, jusqu’à Saïgon, peu de passagers et beaucoup de places vacantes. Cheftaine Meyer m’envoya plus tard une lettre dans laquelle elle avait joint une photo de mon avion alors qu’il décollait. Elle avait écrit au dos : « Plein gaz vers l’avenir… »
13Lorsque, trente ans plus tard je revins à Nouméa, le premier coup de téléphone que je reçus fut celui de ma cheftaine. Devant mon hésitation à la reconnaître : « et alors, tu ne reconnais pas ma voix ? », me dit-elle. Je sus tout de suite que je ne me trompais pas en pensant que c’était elle. Je me rendis chez elle. Je m’aperçus qu’elle était aveugle et se déplaçait en tâtonnant. Elle habitait autrefois une maison en bois, à la Vallée des Colons, qui avait un grand jardin. Elle était toujours au même endroit, mais avait fait bâtir, au fond du jardin, près des manguiers, une maison « en dur », plus petite, mais bien conçue en fonction de sa cécité. Là, elle savait où tout se trouvait et elle se débrouillait fort bien toute seule. Elle fut heureuse de me recevoir. Lorsqu’au bout de mon séjour je me rendis une dernière fois chez elle, elle me donna un gros carton dans lequel elle avait logé un tronçon de bambou de Canala et dans ce bambou, de très grosse section, elle avait mis des coquillages : un troca, une moule géante, un nautile, de magnifiques porcelaines.
13Cheftaine Meyer n’est plus. Lors de mon dernier séjour à Nouméa, en 2002 où j’accompagnais ma mère à son ultime voyage, près de mon père, je remarquai que l’une des rues de Nouméa, non loin du Rocher à la Voile, portait le nom d’Emma Meyer. Je fus heureuse. Si quelqu’un méritait de donner son nom à une rue, c’était bien elle. Elle a tant fait pour les Nouméens, pour les jeunes comme pour les vieux. Elle s’est entièrement investie dans sa ville et ses habitants. Son métier d’assistante sociale l’y disposait. Elle a donné à tous l’exemple de la générosité, du dévouement et de la droiture, et cela à sa façon énergique de prendre les choses, sans détour et sans transiger. Je fus heureuse que la ville ait marqué sa reconnaissance. Elle sera un beau modèle à donner en exemple.
13Une Histoire en 100 Histoires - MEYER Emma (1910 - 1987)
14Emma au grand coeur
15Obsèques Emma Meyer
16Emma Meyer, Portrait d’une grande dame
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